L’émission de la NHK Mag.net a consacré son numéro d’avril au remake d’Uchû Senkan Yamato et s’est interrogée sur l’incroyable popularité de la franchise. Popularité qui ne s’est jamais démentie, à tel point que la série est qualifiée d’anime transgénérationnel (Chôsedai Anime en japonais, terme custom créé pour l’occasion puisqu’une recherche google sur « 超世代アニメ » ne rapporte presque que des résultats liés à ce numéro de Mag.net).
Commentaires postés sur la bande-annonce de Yamato 2199 sur niconico douga :
« Je n’ai que 18 ans, mais je n’ai jamais vu un anime aussi intense » « Je vais le regarder avec mon paternel ! »
« Je n’ai pas vu l’original, mais celui là je veux le voir ! »
L’émission présente ensuite les autres animes transgénérationnels : Kidô Senshi Gundam et Shin Seiki Evangelion. Ces animes sont aussi connus sous le nom d’Impacts de l’Animation Japonaise depuis qu’un (court) article dans Animage avait expliqué en quoi ces trois animes originaux avaient été non seulement les plus influents jamais créés, mais aussi des game changers aussi bien pour l’industrie que le fandom.
Il y a quelques années la notion d’impact de l’animation japonaise est arrivé au sein de la blogosphère et des groupes environnants à causes de personnes dont je tairai le nom par respect pour leur famille et avait fait bien des dégâts. Si je rédige ce compte-rendu c’est un peu en espérant donner quelques notions de ce que représentent ces impacts et en espérant qu’on puisse dire « Plus jamais ÇA ! «
C’est le critique d’animes Hikawa Ryûsuke (son twitter) qui présente ce segment consacré à la popularité des animes transgénérationnels. Bien que la traduction de critiques académiques d’animes soit extrêmement rare, Hikawa n’est pas tout à fait un inconnu en occident car il est celui qui rédige les livrets des collectors de Bandai Visual. Et une partie de ces livrets ont été traduits en anglais à l’époque où Bandai Visual avait une filiale nord-américaine. Ainsi les livrets des éditions nord-américaines de Honneamise, des films de Patlabor, de Top wo Nerae! ou d’Akira ont été écrits par Hikawa. En France seul le livret d’Akira nous est arrivé par la récente réédition chez Dybex.
Ces livrets sont tous incroyablement riches et intéressants, je ne peux que vous encourager à vous procurer les DVD/BD qui les accompagnent d’autant plus que certains sont bradés ces derniers temps.
1) Le héros est un adolescent
Selon Hikawa, la première raison au succès de ces trois animes tient dans le fait que les héros sont à chaque fois des adolescents. On les voit ainsi grandir et mûrir, aussi bien physiquement que mentalement, et combiné à une histoire imprévisible cela crée un lien avec le public, et donc un intérêt.
Susumu : 18 ans, Amuro : 15 ans, Shinji : 14 ans.
2) Ce sont des œuvres basées sur des classiques
L’odyssée du Yamato à travers l’espace pour aller chercher sur Iskandar l’appareil qui sauvera la Terre est une réinterprétation du voyage en occident de Xuánzàng (Sanzô) et ses compagnons pour aller chercher les sûtras en Inde dans le Xīyoújì (Saiyûki).
Les errances de l’équipage du White Base, composé uniquement de jeunes sans adulte pour les superviser, et la façon dont ils doivent coopérer pour survivre est basé sur Deux ans de vacances de Jules Verne où une bande de jeunes sans adulte fait naufrage sur une île déserte et doivent unir leurs forces pour survivre.
Enfin le combat de Shinji dans son Evangelion contre des formes de vies inconnues qui menacent de détruire toute vie sur Terre est inspiré du combat de Hayata qui se transforme en Ultraman pour lutter contre de mystérieux monstres qui menacent la Terre.
En se basant et réinterprétant des histoires du passé pour en construire de nouvelles, ces œuvres sont dès leurs origines transgénérationnelles.
« Le récit du voyage vers Iscandar/l’Inde pour récupérer l’appareil qui restaurera l’environnement terrestre/les sûtras. »
« Des jeunes seuls sans adultes à bord d’un navire militaire/sur une ile déserte doivent coopérer pour survivre. »
« Quand les créatures gigantesques/les monstres apparaissent, il pilote l’Evangelion/se transforme en Ultraman pour les combattre. »
3) Ce sont des œuvres incomplètes
Yamato est une série pensée sur 39 épisodes puis coupée à 26 ; Gundam est une série planifiée sur 52 épisodes qui s’est vue déprogrammée et se termine de manière anticipée à l’épisode 43 ; enfin les épisodes 25 et 26 d’Evangelion ont été refusés par les producteurs, forçant la création des épisodes chocs que nous connaissons.
Cet aspect incomplet pousse les fans à s’impliquer, à discuter de la série et son contexte, à l’étudier et à la sur-interpréter. De cet enthousiasme est né un gain d’intérêt qui va entraîner la production de suites et/ou de remakes qui peuvent utiliser les idées qui ont dû être mises de côté lorsque ces séries ont été abrégées de force.
Et c’est tout. Le reportage, long d’à peine 4 minutes, se coupe assez brusquement à ce moment après que Hikawa a lâché une brève conclusion où il explique que ces séries continueront de rester populaires à travers les générations.
~C’était vraiment très intéressant~
Dommage que ce segment de l’émission soit si bref, c’est probablement le moment le plus intéressant de ce numéro de Mag.net qui ensuite s’attarde sur la production de Yamato 2199.
Des trois arguments énoncés, le troisième est clairement le plus pertinent. Il est clairement une des clefs de l’impact de ces titres auprès du public par la manière dont il crée un besoin d’en savoir plus de la part des fans. Et plus que leur influence sur le reste de l’industrie, c’est leur impact sur le fandom qui a fait de ces animes ce qu’ils sont.
Le coup du héros adolescent apparaît comme l’évidence même et celui des œuvres classiques est un peu léger. Si la comparaison Yamato/Xīyoújì peut se défendre, Gundam n’a pas grand chose à voir avec Deux ans de vacances. Si le concept de base proposé pour MS Gundam était bien de mélanger le roman de Verne à Starship Troopers de Robert A. Heinlein, l’histoire a été modifiée au cours de la pré-production pour ne plus avoir que de vagues liens avec. S’il faut chercher une adaptation méchaphile de ce livre, c’est plus vers Ginga Hyôryû Vifam qu’il faut se pencher. Enfin si la comparaison entre Evangelion et Ultraman est légitime, on peut se demander comment la comparaison avec une série TV qui avait même pas 30 ans à l’époque peut se tenir à coté de deux comparaisons avec des classiques de la littérature. Si Yamato et Gundam avaient été comparés à respectivement Star Trek et Starship Troopers, pourquoi pas, mais là…
Voila, j’espère vous avoir donné quelques clefs sur ce que sont ces animes transgénérationnels à travers ce court compte-rendu. Pour les intéressés, l’émission est disponible sur les sites habituels de partage de contenu audio-visuel japonais. Merci de ne pas demander de lien dans les commentaires, si vous ne la trouvez pas c’est qu’elle ne s’adresse probablement pas à vous.
Hum… voila qui est fortement intéressant.
Sans vouloir casser tous tes efforts et relancer un débat qui n’a plus lieu d’être, l’argument 3 que tu mets en avant est justement celui qui s’applique à Haruhi (enfin les héros ados et les classiques marchent aussi, mais pour quelle série ne marchent-t-ils pas ?).
L’oeuvre incomplète et tronquée, l’implication des fans, l’étude, la recherche et la sur-interprétation. Ce sont des choses qu’on trouve dans cette série, ou tout du moins sa version 2006.
Les trous volontairement laissés dans la narration, l’ordre mouvementé des épisodes et le manque de conclusion définitive sont autant d’aspects qui forcent le public à s’impliquer. Couplé à une thématique assez bien foutue pour être digne d’intérêt, ça a créé de la recherche et de l’interprétation de la part du public. Ce n’est pas parce que l’effet de masse Hare Hare Yukai l’a un peu masqué que cet aspect n’a pas été présent.
En poussant un peu, on peut se dire que les versions 2009 et Disparition entrent aussi dans ce schéma, l’un parce qu’il a fait se demander au public s’il aurait enfin une fin un jour et l’autre parce qu’il ne livre pas non plus toutes les clefs de sa résolution.
Les grosses différences réelles entre Haruhi et les impact à ce niveau sont qu’il ne s’agit pas d’une oeuvre originalement animée et que ses « trous » et incomplétions ont été volontaires, planifiés et non subis.
Peut-on en conclure que Haruhi est une tentative pour créer un impact artificiel ?
« Si je rédige ce compte-rendu c’est un peu en espérant donner quelques notions de ce que représentent ces impacts et en espérant qu’on puisse dire « Plus jamais ÇA ! »
-> c’est assez facile de taper sur SHNY mais faudrait aussi évoquer Mawaru Penguindrum dont on a fait tout un plat, qui devait être une série dont on parlerais dans les 10 ans à venir…alors que 6 mois après, tout le monde l’a oublié et plus personne n’en parle…
Du coup, ça fait du bien de lire ce genre d’articles, histoire de couper court aux délires de certains fans ;)
La partie sur les anison etait quand meme plus interessante.
Haruhi n’est pas une œuvre inachevée comme l’ont pu être Gundam ou Evangelion, c’est une œuvre incomplète car elle est encore en cours de publication. Mais si tout va bien et que Tanigawa se sort les doigts du cul pour écrire la suite, au lieu de se dorer la pilule on ne sait où en profitant des chèques à 9 zéros que lui envoie chaque année la Kadokawa, la série finira par être complète, en roman tout du moins. Donc normal qu’il manque des clefs au spectateur. Ensuite pour l’anime, plus le temps passe et plus je me dit qu’on aura pas grand chose de plus (plus de deux ans déjà depuis Shôshitsu).
Bon, si Tanigawa fini par laisse tomber comme Morika avec la série de Seikai, je dis pas. Mais même là ça sera une non fin qui viendra après plus de 10 ans d’attente, autre chose que ces 3 séries qui ont été diffusée sur des durées comprises entre 6 et 9 mois, donc bien plus courtes et qui donc frustrent plus.
On verra bien dans 15 ans, mais je doute qu’un remake d’Haruhi se fasse un jour.
Autre chose, et tu le sais mieux que moi, la narration désordonnée et tout ce qui va avec c’était déjà dans les romans et encore plus dans la prépublication dans The Sneaker qui avait commencé par des histoires courtes et non le début logique qu’est Yûutsu. En aucun cas c’est propre à l’anime.
L’anime a exacerbé tout ça, et en a rajouté une couche avec la rediffusion augmentée de 2009. La théorie de l’impact artificiel est peut-être juste, après tout c’est Yamakan qui a organisé le scénario de la première série et dieu sait ce dont ce type est capable.
J’aurais bien cité Madoka aussi qui a su mobiliser les fans dans le monde entier, à tel point que 4chan a craqué les runes avant les fans japonais. Sans parler des théories qui ont fusées dans tous les sens, certaines étant vraiment très abusées.
(et par curiosité, tu assimilerais Haruhi à quel classique ?)
Faust > Je dois t’avouer que j’attends que toute la série soit dispo en BD-rip pour me repencher sérieusement dessus.
Ça devrait plus tarder d’ailleurs.
nyo > tu dis ça parce qu’ils ont qualifié Nyanya de « Reine de l’anison ». (j’aurais préféré qu’ils se posent la question du 国歌 personnellement)
Penguindrum est incomplet ?
Je me suis peut être mal exprimé alors je vais reformuler un peu.
Pour l’aspect inachevé, certes, Haruhi est encore en cours de publication et donc subit le lot de toute oeuvre incomplète, mais mon propos était sur le fait que même dans la matière déjà présente à l’époque, l’anime a volontairement tronqué certains passages en 2006 pour faire une oeuvre artificiellement inachevée et créer cet effet, du moins jusqu’au moment où ces éléments clefs ont été adaptés en 2009. Idem pour Shôshitsu, les spectateurs du seul anime resteront sans réponse claire sur sa résolution jusqu’à ce que le prologue de Inbô soit adapté. Si cet effet n’était pas voulu, ils auraient tout simplement pu l’intégrer dans le film. Mais c’est une façon de « fabriquer » de l’inachevé qui n’a pas grand chose à voir avec l’état d’avancement de la série.
Ensuite pour ce qui est de Tanigawa, il a déjà à son actif deux LN laissés sans suite ni fin. Pas parce qu’on lui a dit d’arrêter, parce que les séries étaient impopulaire ou autre, mais tout simplement parce qu’il est infoutu d’écrire la suite. Pour moi il y a de grandes chances que notre ami ne conclue jamais Haruhi non plus, ou en tout cas n’utilise jamais le tiers des éléments qu’il a mis en place ni ne réponde aux questions qu’il soulève ; ce qui de mon point de vue reviendrait au même.
Pour l’anime, il y a encore largement de quoi faire, et pour l’instant la « règle des trois ans » n’a pas été dépassée donc on peut peut-être avoir encore du neuf. Mais il est clair qu’il peut lui aussi subir un destin cruel à la FMP. Un remake ? Pour quoi faire étant donné que dans sa nature même, l’expérience Haruhi ne saurait souffrir d’un retard. Regarder aujourd’hui E8 en sachant à l’avance qu’il y a 8 ep et sans faire les hypothèses de pourquoi le studio fait ce qu’il fait en réduit une bonne partie de l’intérêt. Ou alors cela supposerait en changer globalement la nature, au risque de produire une oeuvre aussi plate que le manga.
Sur les classiques, je ne suis pas un fervent et délirant défenseur de ce parallèle, mais certains ont notamment parlé avec insistance de Peter Pan. Pas pour les pirates et les crocos, mais bien pour tout ce que l’oeuvre implique : le refus d’être confronté au monde tristement réaliste et terre à terre des adultes et le fait de s’enfermer dans un monde empli de son propre imaginaire.
Reste à savoir si on s’attache à la thématique ou aux concepts mis en place pour la décrire.
En ce qui concerne Mawapen, je pense que cette série est destinée à un sort similaire à son ainée Utena. En ce sens qu’elle restera cantonnée à un cercle de connaisseurs, dans lequel elle est et restera très bien considérée. C’est à la fois assez triste car elle a de réels atouts ; c’est certainement la série la plus puissante, la mieux construite et la plus riche que j’aie vue depuis au moins TTGL. Et en même temps ça n’est pas forcément un mal car elle aura moins tendance à subir les « pertes » et détournements que supposent une forte mise en lumière à un public large.
C’est donc normal qu’on n’en entende plus trop parler, surtout face à une saison 2012 avec du lourd dedans, mais on la ressortira je pense régulièrement au détour de discussions un peu précises ou pointues dans les années qui viennent.
Haruhi TV reste une adaptation. Les manques que l’on peut y trouver peuvent être complétés en se penchant sur l’œuvre originale. L’adaptation peut-être incomplète, c’est les aléas de l’exercice mais l’original non.
Et ton argument vis à vis de la fin du film ne tient pas, Imbô a été publié plus d’un an après Shôshitsu au Japon. Donc les lecteurs des romans n’ont pas su tout de suite le whatever dont tu parles et qui m’échappe totalement d’ici à ce que Yen Press sorte le livre (et que je lise les deux précédant qui trainent dans ma bibliothèque) puisque je ne ressent pas de manque bien particulier en fait…
Maintenant prend le cas de Gundam, avant même que la série ne soit déprogrammée Tomino avait commencer une novelisation très différente dans son déroulement et son contenu de la série TV. Et puis paf la série est annulée, les romans se finissent et la fin est un choc : le héros est tué pendant la bataille finale, laissant à son rival le rôle de terminer la guerre. Imagine comment les fans de l’époque on pu chercher à interpréter ça, à se demander quelle est la version fidèle à ce que Tomino voulait créer ? Si la fin de la série TV aurait été similaire si on avait eu les 9 épisodes de plus ? etc… On est à une toute autre échelle. Souviens toi des débats Evangelion il y a plus de 10 ans qui opposaient la fin TV et celle des films, avec des camps qui rejetaient violemment une version ou l’autre.
Ce que tu annonces sur Tanigawa ne me rassure pas, car j’espère avoir des réponses et tout. Mais surtout abandonner Haruhi sur le bord de la route après une dizaine de romans signerait l’échec de l’ensemble. Aveu d’impuissance du créateur même comme on a pu en voir devant des catastrophes comme Lost où ça a balancé plein de trucs cools en l’air, mais au final ça été incapable d’en faire quelque chose qui se tient.
D’ailleurs, il est intéressant de noter que les 3 séries dont on parle ici connaissent de nouveaux remakes en ce moment même. Yamato par la nouvelle série, Gundam par l’adaptation annoncée de The Origin (à qui on peut ajouter Gundam UC, suite qui brode largement sur le matériel de base) et Evangelion via les Nouveaux Films.
Et la fameuse « règle de 3 ans » c’est un truc officiel ou pas ? Parce que entre la série originale et sa rediffusion on avait eu du teasing à coup de vidéos à la con ainsi que les web anime de Churuya et Haruhi-chan. Depuis la sortie du film en vidéo qu’a on eu de concret ?
« Mawaru Penguindrum », à l’instar de « Utena » avant elle, ne dépassera sans doute jamais le grade de petite série-culte pour érudits. Ce qui représente déjà une stature enviable par les temps qui courent, mais on ne peut lui associer aucun phénomène digne de ce nom.
Tetho m’avait déjà résumé le pseudo-argumentaire de Hikawa il y a quelque temps, et tout comme lui seul le troisième critère m’avait paru un tant soit peu pertinent, le reste étant quasi-transfigurable à n’importe quel autre anime. Le bonhomme aurait-il eu des choses plus intéressantes à dire avec un temps d’antenne plus conséquent ?
On ne peut que saluer l’existence de ce billet, même si j’aurais aimé que l’auteur aille plus loin, en invoquant ses propres facteurs de candidature au titre d’Impact : à commencer par ceux objectivés du fait de la nature des trois séries retenues, dont le caractère d’oeuvre originale paraît primordial. Ce qui excluerait d’office « Haruhi » et les autres baudruches – d’ailleurs, quel critique mentionne cet anime comme ayant été d’une importance cardinale aujourd’hui ?
Un autre critère qualifiant n’est pas évoqué par Hikawa : qu’il s’agisse de « Yamato », « Gundam » ou « Evangelion », ce sont trois anime TV projetés en journée, vendus au départ comme étant des anime pour garçons de douze ans, et qui révèlent un degré de lecture adulte en cours de route, lequel implique que la famille entière peut suivre la production. Ca n’est pas du tout le cas d’un « Haruhi », ou même d’un « Madoka », qui se destinent uniquement, dans leur stratégie, leur mode de diffusion, et leur contenu, aux lycéens et jeunes adultes connectés au net. Ces deux gros succès otakus se bornent à ça : des succès otakus.
En outre, ce que Hikawa ne dit pas ici, c’est que les trois Impacts sont à l’intersection du Grand Récit traditionnel et de la construction post-moderne. Chaque titre développe une véritable histoire et mythologie, et additionnellement, dans la forme, la substance est enrobée de détails, d’éléments d’attraction et de technobabble minutieux parlant à un public plus hardcore. Or « Haruhi » pour sa part ne s’inscrit pas du tout dans le cadre du Grand Récit… bien au contraire, l’anime ne repose que sur les détails et les à-côtés. « Madoka » s’y insère un peu plus, mais de façon limitée, car la présence des moeblobs ne permet aucune identification du spectateur aux péripéties et dilemmes vécus par les héroïnes.
J’y ajouterais aussi la dimension d’irremplaçabilité dans le temps, que l’on sous-estime à mon avis. Les fans de « Gundam », non seulement sont toujours là, mais dans leur majorité, n’ont pas migré vers « Macross » ou une autre franchise. A contrario, la facilité avec laquelle une partie importante du fandom « Haruhi » – et d’autres – peut migrer vers « K-On ! » en deux mois confirme l’absence d’Impact, en ce sens que l’anime qui suit est interprété comme le prolongement ou l’amélioration du pré-existant.
« Yamato » n’a jamais connu autant de réinterprétations que ces derniers temps. « Gundam », nous n’en verrons sûrement jamais la fin, grâce au système des AU. « Evangelion » sera de nouveau remaké durant les vingt prochaines années, de façon quasi-certaine.
A côté, « Haruhi » ira tutoyer la porte de sortie le jour où son demi-auteur finira son light-novel. Quant à « Madoka », il est trop tôt pour dire ce qu’il en sera de sa pérennité, mais le nomadisme de son fandom indique que ça n’est pas gagné pour l’instant.
Avant K-on! le fandom Haruhi avait migré en masse vers Lucky Star en y voyant la plus grande célébration de la culture otaku jamais réalisée. Les sots n’avaient probablement pas vu Top wo Nerae! ou Nadesico.
Mais que reste il de Lucky Star aujourd’hui ? Rien du tout, pas même chez Kyoto Animation. (bon Nadesico est pas forcément l’anime à opposer vu le mystérieux black-out autour de cette franchise depuis 2005 et l’annonce de Satô comme quoi il n’y aurait plus rien de nouveau autour)
Madoka Magica est déjà en train de se faire remaker et on nous promet une nouvelle fin. Ce qui en soit ne signifie rien montre bien qu’elle suit un tant soit peu les traces de ses ainés. On laissera le temps faire son travail pour la suite. A défaut d’être incomplet, Madoka Magica m’apparait comme imparfait, ça aussi ça pourrait justifier une remake.
Il ne faut pas oublier non plus que malgré sa nature profondément otaku, la série est devenu un mini phénomène de société et sa subversion de la magical girl a attiré un certain public qui habituellement ne regarde plus d’anime mis à part le dernier Ghibli. Un pote marié à une japonaise a même été trainé au Madoka Café par sa femme, alors que cette dernière n’est habituellement pas tendre avec ses loisirs otakus.
Et pour finir sur Gundam, une réflexion d’Hikawa dans un Imagine-nation récent :
C’est aussi ça la pérennité de Gundam. Être devenu un genre en soi et être une industrie dans l’industrie.
Puis le souci avec Haruhi c’est que justement ça reste une ADAPTATION. Un « impact » de « l’animation japonaise » doit être aussi une oeuvre… 100% animation japonaise. Yamato, Gundam & Eva remplissent ces critères aisément puisque ce sont trois oeuvres travaillées avant tout pour le média « animé ».
Alors que Haruhi ça restera malgré tout figé à son support d’origine, car qu’on le veuille ou non l’anime reste un appendice figé du roman original. Et que KyoAni vienne rendre le truc plus exceptionnel qu’il ne l’est est tout à leur honneur… mais faut aussi dire c’est ce qu’ils font à chaque fois: les mangas Lucky Star & K-On passent d’agréables daubasses à des trucs qui ont de la gueule, idem pour leur adaptation de Kanon & Clannad. Et ça a l’air d’être pareil pour Nichijou (j’ai pas giga lu le 4koma original.) KyoAni sont des gens doués pour transformer le plomb en or mais ce ne sont pas des créateurs. On attend encore d’eux ce que fut Madoka Magica pour SHAFT & Shinbo.
Pour Madoka, n’oubliez pas non plus que l’anime possède également cette fameuse composante d’inachevé, en ce sens qu’on ne sait pas ce qu’aurait été la fin de la série sans le tsunami du Tôhoku et le mois et quelque de hiatus qui en ont résulté.
Ceci ne préjugeant évidemment rien sur ses qualités réelles.
Tetho > Je comptais en faire un article un jour mais vu l’état actuel de mon coin de net autant lâcher le truc ici :
La lecture du tome 10 de Haruhi m’a clairement fait comprendre que Tanigawa est un homme de concepts avant d’être un réel auteur. Il est capable d’inventer des concepts très bien tenus et intéressants, ce genre de choses qui accroche le lecteur à la fois pour savoir ce qui s’y cache et pour essayer de taper dedans et de le démonter (difficilement). Mais il est en revanche incapable de les exploiter pleinement et de raconter une histoire bouclée avec. Chacun des tomes ou morceaux qui composent Haruhi sont autant d’ouvertures vers des possibilités de plus en plus vastes mais dont on sent que de moins en moins seront exploitées. Pour moi il n’est pas fait pour écrire des livres mais plutôt pour donner des idées dans une équipe de scénaristes de série ou de film qui saura les exploiter mieux qu’il ne le ferait seul.
En revanche je ne vois pas en quoi le fait que les mécanismes dont je parle plus haut aient été présents dès le LN original en enlève l’effet une fois passé au support anime. Non ce n’est pas de facto Ishihara ou Yamakan qui en ont eu l’idée mais… et après ?
Pour la « règle des 3 ans », il n’y a rien d’officiel, mais a-t-on déjà vu une seule réelle annonce officielle sur Haruhi TV ?
Amrith > Ta vison des flux migratoire des fandom m’interroge. Je ne pense pas qu’un fandom soit une entité dénombrable aux contours bien définis ; et encore moins que cette entité soit exclusive.
Je ne connais pas très bien le fandom Gundam, mais je suppose que des gens y sont « entrés » et en sont « sortis » comme de tout autre fandom. En outre pour prendre celui d’Evangelion, il a eu ses grandes heures de gloire avec un effectif massif et une capacité de mobilisation importante, mais ceux qui le composent ne s’en sont pas moins aussi intéressés à d’autres séries et univers. Nous avons notamment dans notre échoppe quelques membres venant initialement du fandom Eva. Peut-on dire qu’ils ont « migré » de Eva vers Haruhi ? N’est-ce pas plus judicieux de considérer qu’ils sont toujours fan de NGE en plus de leur qualité d’haruhiistes ?
Pour moi le fait de s’intéresser à d’autres univers ne nous fait pas forcément délaisser celui sur lequel on se plaçait précédemment, qu’il s’agisse de Gundam ou de Haruhi, qu’on aille vers du Macross ou vers du moe débile.
Je pense qu’il est plus sage de différentier un coeur, un noyau dur, qui ont été là dès le début, qui sont toujours là et qui le resteront pour la plupart, même après s’être intéressé à d’autres choses et des spectateurs passagers, qui ont découvert la série cible par et pour le hype et qui l’oublieront une fois que la série ne sera plus sous le feu de projecteurs.
Et j’ose penser et prétendre que ces deux catégories (simplistes) ont été présentes sur l’ensemble des oeuvres dont nous parlons ici. Dans des proportions peut être différentes, avec une dynamique plus ou moins rapide, mais c’est tout.
(Amo qui paraphrase du Amrith… La fin du monde est proche ?)
Madoka Magica n’est pas inachevé, la fin vu à la TV est celle écrite par Urobuchi à l’avance. Les modification suites au 11 mars ont touchées quelques plans sur les réfugiés dans le gymnase et ils ont été réintégrés dans la version vidéo. Et si modification en amont des épisodes il y a eu, c’est au pire quelques plans de destruction de la ville, mais vu ce qu’on voit je doute qu’il y en ait.
Ensuite l’adaptation change une chose, c’est que les gimmicks ont alors pas été pensé pour le petit écran, ils y sont juste adaptés. Pour autant il y en a qui ont été pensés pour la télé, le meilleur exemple est Endless Eight qui d’un chapitre oubliable pour justifier/expliquer le comportement de Yuki pendant Shôshitsu devient un truc complètement surréaliste. Mais la plupart des idées sont pas d’eux, ils se sont contentés de leur donner une forme tangible.
« Et la fameuse « règle de 3 ans » c’est un truc officiel ou pas ? »
► J’en sais rien, mais : les romans ont commencé à paraître en 2003, l’anime a débuté sa diffusion en 2006, puis on a eu à attendre jusqu’en 2009 pour avoir les mini-séries « Churuya » et « Haruhi-chan » + la version étendue de l’anime…
Là où ça ne respecte plus la règle, c’est entre « Haruhi 2009 » et le film, où il n’y a qu’un an d’écart, et le délai entre les parutions des tomes 9 et 10 (2007 et 2011).
Je pensais que 2012 verrait la suite de la série (car 2009 + 3), mais s’il faut tenir compte de « La Disparition », alors il faut attendre 2013 pour voir si la règle est toujours respectée par KyoAni.
(je suis innocent, c’est raton-laver la balance)
Yamato = le voyage en occident, çà me paraît evident maintenant, je n’avais jamais fait le rapprochement tiens.
Si Haruhi 2006 est incomplèt ou tronqué, c’est clairement de manière volontaire, c’est un effet de style, pour créer un bon anime.
Là où les 3 autres l’ont été independamment de la volonté des auteurs, il y a eu des elements extérieurs, des imprévus.
Haruhi n’a rien de tout cela, cela a été pensé du début à la fin pour qu’elle soit ainsi. De A à Z, rien dans l’anime n’est improvisé : Subete wa Yamakan no scenario doori.
plus, les questions ont une réponse dans le roman.
Je suis pas d’accord sur un point qu’ennonce Amrith, beaucoup de fan de Gundam, sont aussi des fans de Macross, sans renier la 1ere série.
Les fans de Haruhi peuvent migrer sur K-on! si çà leur chantent, mais ne renieront pas non plus la 1ere série.
Je ne suis pas certain de la pertinence de l’argument de identification du spectateur au héros, c’est avant tout un concept universelle, plus qu’autre chose.
Par contre, j’appuie toujours l’argument qui dit que les 3 impactes s’adressent aussi bien aux otaku qu’au grand public, contrairement à Haruhi ou à Madoka.
Madoka la fin est tellement à chier, autant j’avais trouvé la fin de Evangelion TV à chier -le fan d’action que je suis n’a toujours pas changé d’avis, même si aujourd’hui je la comprends- la fin de Madoka, là c’est pas à chier, ni fumé c’est simplement du n’importe quoi en barre, surtout quand on sait que Urobochi avait réfléchît à l’avance.
Madoka est plus un pétard mouillé qu’un anime oeuvrant pour la transgénérationalité de l’animation japonaise.
Kabu > Lorsque j’ai parlé du fandom d’une série, j’y ai mis d’abord, non pas les aficionados qui suivent tel ou tel anime, mais oui la core-base, celle qui sur la durée parle, produit de l’analyse, du débat, du doujin, des artworks, etc…
Ruk > Or, la base n’a jamais mis « Gundam » entre parenthèses au profit de « Macross ». Il y a des passerelles immenses entre les deux, pour sûr, tant mieux, mais « Macross » n’a jamais existé au détriment de « Gundam » et de la mobilisation de sa core-base. L’apparition de « Macross » n’a pas tempéré d’une ligne les discussions, créations ou contributions relatives à « Gundam ». Et quelle que soit la difficulté à quantifier le concept d’irremplaçabilité, dont j’ai bien conscience des carences, je ne suis pas sûr que l’on puisse dire que la base « Haruhi » a aussi bien résisté à la captation « K-On ! » que celle de « Gundam » n’est restée impassible vis-à-vis de « Macross ». Quoique l’on en pense, le fandom « Haruhi » fut l’un des plus prolixes de son temps, et il sort aujourd’hui affaibli par des années d’auto-parodie de Kyoto Animation et Shaft.
[…] beaucoup d’animes sortis à la fin des années 90, Gasaraki a été influencé par Neon Genesis Evangelion. Premièrement, le travail de Murase Shukou sur le plan du character-design rappelle beaucoup le […]
[…] http://www.anime-janai.com/2012/05/11/la-popularite-des-trois-impacts-de-lanimation-japonaise-expliq… […]
« les épisodes 25 et 26 d’Evangelion ont été refusés par les producteurs, forçant la création des épisodes chocs que nous connaissons »
Auriez-vous une source ? Ca m’intéresse.
Alors en gros on a le pamphlet de The End of Evangelion qui nous apprend que :
>Episode 25′ « Air » is based on the original episode 25 script which was completed
>during production of the TV series. Due to production time limits and other
>problems, this script was not used and the TV episode 25 « Owaru sekai (The Ending
> World) » instead became a drama which unfolded within an inner universe like
>episode 26. In this sense, episode 25′ could be considered a return to the
>originally intended contents. In contrast, episode 26′ adds much more story
>and dramatic content to TV episode 26, thus deepening the theme.
Ensuite le fameux Kaibunsho nous apporte des détails :
>Although budget issues were the main problem, Gainax had also quarreled
>constantly with TV Tokyo since before the TV airing over moral issues such
>as how the show would end and other details.
>When Ep20 aired, complaints poured in from the PTA. This infuriated TV Tokyo
>all the way up to the upper management, which made it impossible for Gainax
>to take any bold measures.
>So for these reasons, the Eva [TV] ending was made under conditions with
>Gainax’s hands tied in terms of budget, time and content.
Voila en gros, Anno a payé le prix des épisodes chocs 16, 18 et 19, qui pour l’époque proposaient du contenu qu’on aurait pas osé diffuser après minuit. Mais dans un sens on y a gagné vu qu’au final ça a permis la production d’un des plus fabuleux film d’animation qui existe.