La question d’un hypothétique nouvel opus à la franchise Patlabor est quelque chose que j’ai rencontré et débattu, IRL ou en ligne, pas moins de 5 fois ces 6 derniers mois. Cela a de quoi surprendre, la franchise n’ayant actuellement aucune actualité, à quelques toys près et tous ses chapitres sont disponibles en sous-titré anglais depuis des années. Étant dans un revisionnage de l’intégralité des animes de la saga (faute de pouvoir lire la fin du manga) cette question me travaille régulièrement ces derniers temps.
Pour ceux qui ne connaissent pas la saga Patlabor, ou alors juste via ses films, une séance de rattrapage est disponible sur Mata-web.
Revoir en action la seconde section de la seconde brigade des véhicules spéciaux serait un plaisir incroyable. Les personnages de Patlabor sont extrêmement attachants et sont la qualité première de cette franchise. Ajouté à l’humour omniprésent (à part dans les films damn serious de Oshii) et à ce traitement hyper-crédible des robots propre à la saga, nul doute qu’aujourd’hui aussi le succès pourrait être au rendez-vous. Sur le forum de Mata, Amrith a suggéré un format qui serait plutôt efficace en 26 épisodes avec une moitié composée d’épisodes indépendants légers, à l’image de la série TV ou des 2nd OVA puis une seconde moitié avec un vrai fil rouge scénaristique et une ambiance et des thèmes proches des films. On pourrait aussi imaginer une série en 26 épisodes qui se terminerait sur un cliffhanger résolu via un film ciné, cette pratique étant en vogue en ce moment. En retrouvant le staff original (Itô à la structure scénaristique, Takada au charadesign, Izubuchi au mechadesign et Kawai à la musique), ça pourrait vraiment donner. Resterait à remplacer Oshii au poste de réalisateur (et de le garder en scénariste sur quelques épisodes), et là j’imagine bien Kamiyama Kenji à ce poste, la star montante de Production I.G. a su se montrer à la hauteur d’un tel projet. De manière plus terre à terre, une nouvelle série TV Patlabor, pour peu qu’elle bénéficie d’un budget digne de ce nom (on se souvient encore des clopinettes données à Imagawa pour réaliser une série sur un monstre sacré comme Mazinger Z) serait un projet ambitieux comme ceux dont a besoin l’animation japonaise pour la sortir de son marasme actuel.
Mais à coté il y a le fait que l’ensemble des œuvres constituant le cœur de Patlabor se situent entre 1999 et 2002 et ont été écrites et réalisées entre 1987 et 1993, durant la bulle spéculative japonaise. Les ennemis principaux de la 2nd brigade des véhicules spéciaux sont des terroristes écologistes luttant contre un projet d’aménagement urbain pharaonique (le nom de Babylone n’est pas usurpé). Ce qui est aujourd’hui totalement à coté de la plaque, que ce soit économiquement, politiquement ou sur le plan de la sécurité. Un anime réalisé de nos jours aurait du mal à tenir les mêmes thématiques à l’heure du développement durable et dans un monde post-11 septembre. Mais en plus le début des années 2000 tel que le décrit Patlabor fut assez loin de la réalité, notamment au niveau du développement et de diffusion des technologies de communication. L’ambiance que dégage la série est plus proche d’années 80 qui se seraient étirées dans le temps que d’autre chose, donnant ainsi une étrange sensation de nostalgie d’un futur qui ne s’est jamais réalisé.
Réaliser une nouvelle série Patlabor fidèle aux fondements et à l’esprit de la saga serait ainsi un exercice de rétro-fiction un peu délicat d’un coté, mais surtout ce serait risquer la création d’un anime totalement décalé avec les questions de société actuelles. Et plus généralement ce serait aussi enfoncer un peu plus le fait que l’animation japonaise actuelle tourne méchamment en rond (les nouveaux films d’Evangelion en sont la meilleure preuve possible).
Idéalement un collectif comparable à Headgear se formerait et suivrait les traces de ses aînés en tentant de se projeter 10-15 ans dans le futur et raconterait la vie quotidienne de pilotes de mechas (pas forcément des robots bipèdes, surtout si on vise un haut niveau de crédibilité). Il y a pas mal de choses à imaginer sur les applications des technologies en cours de développement et sur l’évolution des questions de société actuelles.
Stand Alone Complex était globalement intéressant sur l’aspect anticipation mais, GITS oblige, est passé totalement à côté de l’aspect vie quotidienne de ses héros puisqu’a part Togusa ces derniers n’en ont pas. Néanmoins Kamiyama Kenji me semble l’un des réalisateurs actuels les plus à même de réaliser une telle série. Satô Dai pourrait lui être la personne idéale pour en assurer la structure scénaristique.
Mais ces deux cas seraient un peu les meilleurs scénarios envisageables et en réalité il est fort possible que rien n’arrive. Quoi qu’il arrive j’apprécierais déjà que Full Metal Panic!, un des héritiers spirituels de la saga de Headgear (bien qu’il soit passé à coté de certains aspects clefs), reprenne enfin le chemin des écrans japonais.
Kidô Keisatsu Patlabor est © Headgear / Emotion / TFC
Trop beau le Helldiver.
Pour le reste, les écologistes n’ont jamais représenté que le prétexte ayant mené à la création de la Seconde Section des Véhicules Spéciaux. En dehors de ça, ils ont alimenté une douzaine d’épisodes, mais on trouve au moins le triple de segments qui se passent très bien de leur présence sans pour autant que la série ne soit déformée. De nouveaux épisodes pourraient tout aussi bien mettre ça en demi-sourdine pour se concentrer sur d’autres thématiques de la franchise – le business industriel des Labors notamment, très pregnant dans le manga mais un peu « édulcoré » dans la série.
Un « reboot » en revanche serait presque contraint d’être le reflet en négatif de la première série, avec la SV2 luttant contre des terroristes anti-Copenhague – dans un monde alternatif où Copenhague aurait abouti à quelque chose bien sûr. Ca pourrait être marrant selon l’angle choisi.
Kenji Kamiyama, fort de sa culture cinématographique et fan de MPP, est actuellement le seul réalisateur next-gen en lice à s’intéresser davantage au scenario, aux interactions entre les personnages – gros progrès sur « 2nd GIG » de ce côté – qu’aux affaires de chara-design, de seiyuu et autres éléments de vitrine. C’est un iconoclaste dans le secteur, et si « Seirei No Moribito » et sa création originale « Higashi No Eden » sont encore perclus de défauts divers, je suis assez d’accord pour penser que le bonhomme touchera la cible dans le mille à un moment.
Enfin pour « Full Metal Panic ! », effectivement inspirée de l’héritage de HEADGEAR, il faudra attendre l’imminente conclusion du roman pour savoir s’il reste des gars un peu authentiques dans cette industrie viciée où s’ils lisent tous des 4komas moe.
« un exercice de rétro-fiction »
Une uchronie.
Je ne sais pas si l’exercice serait si « impossible », suffit de voir Casshern Sins qui, lui aussi, était sur une base d’écolologie.
Amrith : je reste constamment stupéfait des développement prit dans Second Raid, et même si cela est plus dût a Gatô, le travail du studio était bon (comme quoi). La fin se fait attendre, mais il faut garder l’espoir, et à la vue des derniers rebondissements, ca risque d’être dur de faire un finish tout pourrite.
Le problème, à mes yeux, n’est pas tant les écolos eux même, aisément remplaçables (par exemple par des alter-mondialistes radicaux menés par un José Bové nippon) que le projet Babylone qui lui me semble vraiment à coté de la plaque de nos jours. C’est là que le gros travail de repensage de la série devrait se faire (je vois mal de nouveaux épisodes dans une continuité ou une autre, si une nouvelle série veut être un succès, elle se doit de reprendre à zéro pour attirer de nouveaux spectateurs).
Ha et tant qu’on y est, pas de Griffon ça serait cool.
Pour FMP!TSR, je crois que déjà la première bonne idée de Kyoto animation fut de confier la structure scénaristique à l’auteur des roman lui même. Gatô est doué et maîtrise son univers, et ça a payé vu la qualité de la série.
Yay! Patlabor c’est trop bieng! ça serait super d’avoir des nouveaux épisodes !
Noa était kawaii, Azuma était bête comme un héros de shounen, Ôta tirait sur tout ce qui bougeait et Gôto avait grave la maxi-über-classe et voulait se tapper la capitaine Nagumo, mais elle, elle ne les prêtait pas … (sauf à des vieux pervers, mais ça c’est du spoil!).
Mais bon, la fin de la série, avec la « mort » d’Alphonse, 3e du nom, et la tombée en désuétude de l’Ingram-98 apporte une sorte de conclusion aux aventures de la 2e Section (la fin d’une époque, quoi).
D’ailleurs dans le 2e film d’Oshii c’est un peu « la vie après la 2e section », se concentrant Gôto laissant Noa et Azuma de côté.
D’ailleurs j’ai toujours pas vu « Wasted XIII » parce que … c’est pas Patlabor sans la 2e section T_T
Mais bon, s’ils faisaient un nouveau Pato, ils pourraient le faire « au présent » (genre 2012) avec une nouvelle 2e section (mais toujours avec Gôto et Nagumo aux commandes :D), des nouveaux Labors (bah, oui en 10 ans, Shinohara Industries ils ont sorti des nouveaux trucs) avec du fanservice, faisant revenir Ôta, Noa, Azuma … et l’Ingram 98 dans certains épisodes :D
Après, ils seraient un peu obligés de coller le scénario au contexte actuel, mais je pense que ce n’est pas si éloigné de l’univers de Patlabor :
– Le projet Babylonne Failed => Augmentation de la population de la mégalopole => Réfauchement clitamique de Yotsuba => Montée des eaux => Odaiba devient inutilisable et inhabitable => Crise économie => Encore plus de population et encore moins de place => Montée de la violence/Criminalité => Nazification des Gouvernements mondiaux => Labors pour réprimer émeutes/crimes/etc …
A partir de là ils pourraient faire des tas de trucs sur la corruption des hauts placés de la police et du gouvernement, Gôto et Nagumo les seuls flics honnêtes dans la ville, des enquêtes avec les potes détectives de Gôto, etc … (bon, OK, ça fait un peu inspiré de Stand Alone Complex tout ça …)
Et puis il faudrait une nouvelle gamine kawaii, limite un peu moe (mais moe naturel, pas du truc à la KyoAni) pour piloter le successeur spirituel d’Alphonse.
Bref, je divague …
Vague …
Ta dernière phrase ruine tout le délire.
On trouve déjà une ‘gamine’ moe parmi les membres de la SV2 dans « Mobile Police Patlabor : Game Edition », le jeu paru sur Playstation en 2000. Une certaine Midori Soratani.
http://img97.imageshack.us/img97/4622/mppgameedition.jpg
http://www.anime-janai.com/wp-content/uploads/2009/12/Patogame.jpg
Une autre image via /m/.
Drig > anecdote vis à vis de ce que tu as écrit sur les persos : Quand avec Rukawa nous avons rencontré Akemi Takada on a fini par un peu discuter de Patlabor, quand j’ai dis que Gotô c’est la classe incarnée, elle nous a répondu « C’est avant tout un beau parleur ! », son personnage préféré est Azuma à cause de son coté garçon de la campagne.